René Berthiaume, Ph. D. (lettres)
Formateur en communication écrite
Président du Centre de perfectionnement en français écrit

jeudi 10 octobre 2013

Voyez à vos intérêts



Je tiens tout d'abord à remercier Laurent Fréchette, notaire de Montréal, qui a eu la gentillesse de me suggérer le sujet de cette semaine. J'ose espérer que ce sujet d'actualité suscitera votre… intérêt.

C'est justement du mot intérêt qu'il sera question aujourd'hui.

Quand vous vous servez d'une brosse à dents, vous ne vous demandez pas si le mot dents prend ou non la marque du pluriel, à moins que vous n'ayez qu'une dent!

Il en va de même pour les banques de données, les échanges de vues, les patins à roulettes, les toits de bardeaux, les battements de mains, etc. Dans tous ces cas, le pluriel s'impose.

Les choses se compliquent quand il est question des taux d'intérêt, des centres d'intérêt (ou des champs d'intérêt) et des conflits d'intérêts.

Depuis quelque temps, les régimes de retraite prennent du mieux en raison de la hausse des taux d'intérêt à long terme.

Pourquoi taux d'intérêt et non taux d'intérêts? Tout simplement parce que l'intérêt représente ici le loyer de l'argent (et non les loyers de l'argent).

Par ailleurs, les voyages et la lecture comptent parmi mes centres d'intérêt ou, si vous préférez, mes champs d'intérêt, c'est-à-dire les domaines qui m'intéressent, qui suscitent mon intérêt.

Dernier exemple tout à fait d'actualité : afin de purger sa peine d'un an de prison pour fraude fiscale, Silvio Berlusconi, l'homme des conflits d'intérêts (au pluriel), pourrait se consacrer à des travaux d'intérêt général (au singulier) tel l'effacement des graffitis…

À votre tour de vous demander si le complément du nom s'écrit au singulier ou au pluriel dans les dix cas suivants. Comme d'habitude, vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.

mercredi 2 octobre 2013

Ostentatoire?



En lisant le projet de charte des valeurs québécoises, quelle ne fut pas ma surprise de constater que les expressions « signes religieux facilement visibles » et « signes religieux ostentatoires » étaient employées comme synonymes!

Voici la définition que donne le Petit Robert du mot ostentation : « Mise en valeur excessive et indiscrète d'un avantage. »

Quand on montre quelque chose avec ostentation ou de façon ostentatoire, on veut bien entendu que la chose soit facilement visible, mais on fait également montre de vanité, d'orgueil. Autrement dit, on veut épater la galerie!

Quand mon voisin se promène avec sa Mercedes de façon ostentatoire, il se pavane, il cherche à se faire remarquer.

On trouve une autre définition fort intéressante du mot ostentation dans le Trésor de la langue française : « Attitude, caractère de celui qui cherche à tout prix à attirer l'attention sur lui-même, sur un trait de sa personne, sur sa situation sociale avantageuse. »

Quand une musulmane porte le hijab ou quand un sikh (oui oui, un sikh et non un Sikh) se promène avec son kirpan, est-ce qu'ils cherchent à tout prix à attirer l'attention, est-ce qu'ils veulent épater la galerie? Pas du tout.

Il faut donc se méfier des associations de sens hâtives.

En France, le port de signes ou tenues par lesquels les élèves manifestent ostensiblement une appartenance religieuse est interdit dans les écoles, les collèges et les lycées publics.

Les auteurs du projet de charte des valeurs québécoises ont tout simplement repris le terme qui se trouve dans la loi adoptée en France.

Je propose que l'on bannisse le mot ostentatoire dans le débat actuel sur les valeurs québécoises. Il serait tellement plus simple de parler de signes religieux facilement visibles. Voilà une expression qui n'a rien de péjoratif.

Je profite de l'occasion pour vous proposer un exercice sur dix autres adjectifs qui se terminent en -toire.

Comme d'habitude, vous verrez le corrigé après avoir cliqué sur Envoyer.